Cela fait trois ans que je n’ai pas réussi à aller passer le WE d’avril pour fêter le Printemps des Châteauneuf du Pape dans leur village.

Je profitais donc de pouvoir prendre un jour de congés en ce mois de novembre pour répondre à la seconde invitation de la semaine de Clair de Lune. Cette fois, nous étions accueilli dans un restaurant parisien avec une sélection de vignerons et leurs vins de Châteauneuf du Pape réunis par l’interprofession des producteurs locaux.

Des vignerons présents, je ne connaissais qu’Anne du domaine de la Mordorée. Donc plein de nouvelles rencontres en perspective.
Les vins présentés étaient principalement en rouge des 2009 ou des 2010. Même si j’apprécie beaucoup moins le grenache quand il se patine avec l’âge, la jeunesse des 2010 ne les mettaient pas à leur avantage. Les 2009 m’ont paru plus causants avec des tanins moins solitaires.

Dans l’ordre du carnet de dégustation. Mais pas dans celui des dégustations: cela a son importance quand c’est un dégustateur amateur confronté à la puissance des vins de la région. Donc les vins à côté desquels j’aurais pu passer ne sont pas forcément à la fin de ce billet.

Pour me mettre en bouche, j’ai fait une tournée des blancs présentés. Leur production est souvent anecdotique pour certains domaines mais cela permet de prendre contact.

Julien Barrot, Domaine La Barroche

Domaine au Nord-Est de l’appellation, sur des terroirs de sable. Vinification en raisins non éraflés.

Châteauneuf du Pape “Signature” 2010
Cépage Grenache 60%, Mourvédre 20%, Syrah 10%, le reste en Cinsault. Nez fermé comme un 2010. Bouche tannique (je commence à fatiguer et les gencives se tannent après tant de mastication). Finale un peu sèche. A revoir.

Châteauneuf du Pape “Pure” 2010
Quatre parcelles de grenache centenaires, sur les hauteurs de la colline de grès rouge. Nez fermé des 2010. Bouche tendue. Un peu de tanins en finale mais un équilibré grâce à l’acidité.

Châteauneuf du Pape “Signature” 2009
Nez juteux. Bouche gourmande (le fruit). Encore des tanins. Finale soyeuse, sans sècheresse. L’alcool est dompté.

Châteauneuf du Pape “Signature” 2008
Nez déjà sur des évolution (viande et pot pourri). Bouche souple.

Neil et Béatrice Joyce, La Célestière

Châteauneuf du Pape, blanc 2011
Cépages Grenache et Clairette, complétés avec un peu de Roussanne. Nez surprenant du pastis. Bouche sur amertume, un peu végétal. Accroche un peu en bouche sur la finale.

Dominique Grangeon, Domaine de Cristia

Châteauneuf du Pape, blanc 2011
Cépages Roussanne 40%, Clairette 40% et Bourboulenc. Nez discret. Bouche sur la puissance, équilibrée plus par l’amertume que par l’acidité. Finale souple. A attendre un peu.

Yannick Feraud, Domaine Eddie Feraud

Châteauneuf du Pape 2010
Cépages Grenache 80% et Mourvèdre, sur sables et safres. Plutôt léger, doit refléter la typicité des vins de safres. Pas d’agressivité, tout au profit de la buvabilité.

Châteauneuf du Pape 2009
L’année supplémentaire lui permet de s’exprimer. Plus de matière aussi. La fraicheur du menthol mais un peu sec en finale cette fois.

Sébastien Devaux, Château Gigognan

Châteauneuf du Pape ”Clos du Roi”  blanc 2011
Cépages Clairette, Roussanne,  Grenache et un peu de Bourboulenc. Nez sur un registre différent des blancs du jour. Bouche sur le gras (du réglisse, des épices). Joli style, reste atypique comme l’impression du nez.

Châteauneuf du Pape “Vigne du Régent” 2009
Cépages Grenache 60% et Syrah, sur des sables. Nez ouvert sur des notes kirchées. Bouche légèrement piquante (agrumes). Finale un peu marquée par alcool. Style pas à mon gout malgré la Syrah.

Châteauneuf du Pape “Clos du Roi” 2007
Cépages Grenache 80% et Syrah, sur des galets. Nez de viande saignante. Bouche plus gourmande, avec plus de fraicheur. Si je dois commencer à trouver de l’intérêt à ce style, autant commencer par ce vin.

Châteauneuf du Pape “Cardinalice” 2006
Cépage Grenache sur galets. Nez presque moins évolué que le 2007. Bouche encore sur la gourmandise du fruit frais. Etonnant. Droit et net, séduisant. Finale plus tendue que le 2007.

Michel Arnaud, Domaine La Millière

Châteauneuf du Pape blanc 2011
Cépages Grenache, Bourboulenc, Clairette et Roussanne. Nez sur la gourmandise. Bouche idem, avec la fraicheur. Tendu et direct.

Châteauneuf du Pape 2010
Cépages Grenache et un peu de Syrah, Mourvèdre, Counoise et Cinsault, éraflés, vinifiés en cuve puis passés en foudres. Nez presque ouvert pour un 2010. Bouche sur le tension, plutôt les épices. Finale douce.

Châteauneuf du Pape 2008
Joli nez floral (pivoine et pot pourri). Bouche un peu sèche, ne confirme pas totalement l’intérêt du nez.

Daniel Stehelin, Château Mont-Thabor

Le Mont Thabor est une de mes montagnes fétiches du massif des Cerces. Mais ici, il fait référence au mont de Galilée. La fille de Daniel présente les vins.

Châteauneuf du Pape 2010
Le nez est parmi les plus ouverts des 2010 goutés ce jour. La bouche est presque suave malgré les tanins bien présents (sur le devant de la bouche). Du potentiel, à attendre.

Châteauneuf du Pape 2009
Cépages Grenache 90%, 5% Syrah, non éraflés, vinification en cuve puis élevage sous bois. Pas très exubérant pour un 2009. Les tanins sont souples.

Anne Flandrin, Domaine de la Mordorée

Anne, le seul sourire connu de la salle, était parmi les seuls à présenter une verticale de quatre millésimes. Comme je les ai tous en cave, je les goutais plutôt pour mémoriser leur évolution. Je suis venu aux vins de CNP avec les frères Delorme. Je pense que mes gouts évoluent avec leur style.

Châteauneuf du Pape “La Reine des Bois” 2011
Echantillon brut de cuve (la mise étant prévue pour janvier 2013). Moins de 20% de fût. Sur le fruit. Pas d’alcool ou de tanins marqués, ce qui est prometteur.

Châteauneuf du Pape “La Reine des Bois” 2010
De la matière, de la mâche. Puissant. Un rien alcooleux.

Châteauneuf du Pape “La Reine des Bois” 2010
Nez ouvert sur le fruit. Plus de gourmandise en bouche aussi. Plus immédiat. Finale encore à attendre.

Châteauneuf du Pape “La Reine des Bois” 2008
Nez serré. Bouche simple, intéressant en milieu et sur la finale. Dans une phase de fermeture ?

Amélie Barrot, Vignobles Mousset-Barrot

Les vins de deux châteaux sont ici présentés.

Châteauneuf du Pape, Château des Fines Roches 2009
Nez ouvert, floral avec une pointe de fumée. Bouche sur le jus de viande saignant. Un peu d’agrume pour la tension. Tanins soyeux.

Châteauneuf du Pape, Château Jas de Bressy 2007
Cépage Grenache 80%. Nez déjà évolué (sous-bois), pas à mon gout. Bouche plus intéressante. Fluide, avec une pointe de fruits et d’épices (clou de girofle). Léger alcool en final.

Châteauneuf du Pape, Château des Fines Roches 2007
Cépages triptyque Grenache, Syrah, Mourvèdre. Beaucoup moins d’évolution au nez. A l’agitation un peu le profil jus de viande. Bouche pas encore faite. Un peu de tanins mais pas gênant. La finale est plus tendue.

Isabelle Ogier, Domaine des Nalys

Châteauneuf du Pape “Classique” blanc 2011
Les 6 cépages. Nez sur verdeur et amertume donne de la tension. Bouche idem. Bien ouvert (la verdeur tourne à la fraicheur de l’anis), de l’alcool. Belle acidité en finale.

Châteauneuf du Pape “Eicelenci” blanc 2010
Cépages Clairette et Roussanne et un peu de Grenache, Vinifié en fût. Nez plus simple moins tendu (adouci par la vanille). Bouche attaque plus floral de la Clairette que la douceur de la roussanne. Milieu de bouche sur la douceur (rondeur). Moins de perception d’alcool que la cuvée Classique.

Châteauneuf du Pape “Classique” 2010
Cépages Grenache 60%, Syrah. Bouteille juste ouverte. Nez fermé. Bouche idem. Tanins soyeux (équilibre matière/astringence) font glisser la finale.

Châteauneuf du Pape “Classique” 2009
Nez discret mais sur des notes fruitées. Bouche simple et gourmande. Joli style, à mon gout.

Châteauneuf du Pape “Châtaignier” 2009
Cépages Grenache 90%, Mourvèdre. Nez cerise kirchée. Bouche plus de sucrosité. De la fraicheur. Des tanins en finale sur la langue.

Christian Vœux, Château La Nerthe

Châteauneuf du Pape 2009
Cépages Grenache 50%, 25% Syrah, 10% Mourvèdre; élevage en fût et demi-muids, 1/3 neufs. Nez piquant (menthe poivrée, mais sans verdeur). Bouche vineuse sur la tension des agrumes. Un peu tannique en finale.

Châteauneuf du Pape 2006
Nez viandé, un peu d’évolution séduisante. Bouche fluide, sur le fumé. Finale bien, douce.

Châteauneuf du Pape “Cuvée des Cadettes” 2005Cépages Sélection de Vieilles Vignes, élevage en futs neufs. . Nez encore sur grillé de l’élevage (noisette). Bouche menthol (fraicheur). Finale un poil sèche et plus longue aussi.

Isabel Ferrando, Domaine Saint-Préfert

Le domaine est un peu à l’écart de l’appellation, sur des terroirs un peu atypique pour Chateauneuf à ce que j’ai compris. Les seuls rouges 2011 goutés ce jour-là (pas encore en bouteille), comme le blanc un cran au-dessus des autres à mon gout. Conjugaison de l’effet millésime et du terroir, ou style des vins d’Isabel Ferrando ?

Châteauneuf du Pape blanc 2011
Cépages 80% Clairette, 20% Roussanne. Nez discret, un peu d’amertume. Tout l’intérêt en bouche. Beau fruit bien piquant. De la longueur, sans alcool. Bien. Le blanc le plus plaisant à boire ce jour-là.

Châteauneuf du Pape 2011
Cépage Grenache principalement. Souple en bouche. Le Grenache sur ses arômes, mais avec une certaine légèreté bienvenu pour rester gourmand à mon gout.

Châteauneuf du Pape “Réserve Auguste Favier” 2011
Cépage Grenache majoritaire et Cinsault. Nez déjà ouvert. Bouche sur un joli style: fruité, grillé. Vraiment bien.

Châteauneuf du Pape “Collection Charles Giraud” 2011
Cépage Grenache majoritaire et Mourvèdre. Nez fermé. Bouche pointue: belle acidité et herbes sauvages (thym). Toujours une certaine douceur. Sera bien une fois le nez ouvert.

Châteauneuf du Pape Domaine Ferrando “Colombis” 2011
Cépage Grenache. Nez sur la douceur du café au lait. Idem en bouche. La gourmandise de l’empyreumatique, et du lardé. Un style (douceur, bois exotique, encens). Soyeux. Bien.

Jean-Marie Royer, Domaine Jean Royer

Châteauneuf du Pape blanc 2011
Cépages Grenache majoritaire, Clairette, Bourboulenc, élevés en cuve, très petite production. Nez floral sur le plaisir. Encore un peu de perlant à l’attaque. Bouche simple, de la fraicheur (peu d’alcool ressenti). Sur la buvabilité sans lourdeur.