Sylvia Altare n’est pas étrangère à la raison de ma semaine de vacances dans les Langhes.
Grâce à leur importateur français, Florent Barrère, je l’ai rencontrée à la présentation de ses vins au Grand Tasting de Paris. Les conditions de dégustation sur ces grands salons sont rarement idéales pour faire des découvertes. Par contre, un autre amateur anonyme faisant la dégustation avec moi avait fait l’article pour la promotion touristique de la région de Barolo et pour l’intérêt intrinsèque de ses vins. C’est ainsi que quand mon genou droit a flanché cet hiver rendant improbable une randonnée estivale dans les montagnes, la visite de Barolo et de Altarre s’est retrouvé en tête de liste de ma semaine de congés.

J’arrive à pied chez les Altere, logeant dans une Agroturismo à qq centaines de mètres, et remet Juan et … qui m’interpellent sur le bon chemin de la cantina. Lui est sommelier, Sud-Africain et travaillant à Dubai. Il consacre ses rares vacances à ce voyage en Europe à visiter les vignerons Italiens et Français des vins qu’il vend. Nous serons ensemble pour la dégustation chez Altare et pour le déjeuner au restaurant que Sylvia nous aura recommandé à Barolo.

A notre arrivée, nous distrayons Sylvia du chantier d’étiquetage où elle laisse les deux garçons se débrouiller. Rétrospectivement, le salon du Grand Tasting a dû être difficile pour elle: obliger de se pomponner (ce qu’elle fait très bien) et ne avoir le temps de parler de ses vins assez longtemps. Ici, elle est en tenue de travail plus agricole et peut donner libre court à ses paroles. Nous avons droit au tour complet et quelques pas dans les vignes au pied de la terrasse de la cantina.

Le père Elio est dans les pré-Alpes pour aller voir l’élevage de 45 vaches laitières qu’ils ont monté pour se fournir en fumier dont ils contrôlent la composition pour apporter en fumure sur leur exploitation en bio. Dans la démarche d’autonomie, les levures sont aussi autochtones. Mais l’ensemencement des premiers cuves est assuré par des bais collectées sur les parcelles dans des coins tenus aussi secrets que les coins à champignons des cueilleurs amateurs mises en fermentation avant les vendanges.
Elio est présenté comme le fer de lance des modernes au prix de la rupture avec sa famille. Raccourcissement des macérations en passant de 20-30 jours à 4-6 jours, puis utilisation des outils modernes (roto-fermenteur, la première fois que j'en entends parler) pour une extraction plus douce (pas de remontage, pas de pigeage) sur un temps plus court mais avec un contrôle de la température (autour de 35°C) pour que les levures fonctionnent à plein pendant le temps raccourci de la fermentation.

Dégustation des vins actuellement disponibles.

Cinqueterre 2009
Parcelle de bord de mer en Ligurie, plantée de Bosco et d’Albarila. Un nouveau projet d’Elio le père. Pour ces cépages qu’il a choisi et planté, il a choisi une macération pelliculaire. Nez légèrement oxydé, salin. Bouche grasse, avec la même tension saline.

Dolcetto d’Alba 2012
48h de macération dans les roto-fermenteurs. élevage de 10 mois en cuve inox. Nez sur la violette, puis les fruits rouges. Passe assez vite. Tanins fluides.

Langhe “Larigi” 2009
cépage Barbera, macération de 3 jours en roto-fermenteur, élevé 100% fût neuf de 18 mois. Nez sur le fût. Bouche sur la tension avec une belle acidité. permet d’absorber le fût.

L’Insieme 2009
Projet d’un groupe de vignerons de faire un vin “ensemble”, ou plutôt de faire leur vin pour faire parler d’eux “ensemble”. En effet, chacun des vignerons fait une cuvée “Insieme” avec ses raisins quel qu'ils soient, comme il le veut. Il s’engage à ce qu’une partie des bénéfices soit reverser à des œuvres caritatives. Ici, Sylvia a choisi d’assembler leur Cabernet Sauvignon, Barbera, Nebbiolo, Dolcetto, Syrah et Petit Verdot. D’élever le tout en fût neuf pendant 18 mois après macération courte de 4 jours en roto-fermenteurs. Au nez toujours le fût prédominant, plus sirupeux ici. Très tannique. Gros grain sur la langue. Assez séchant en finale.

Barolo 2009
Assemblage de plusieurs parcelles en location. élevage de 24 mois en barrique ancienne. La macération n’est que de 5 jours. Nez moins pris par le bois. (Je n’ai rien noté d’autres pris par la conversation).

Barolo “Cerrata” Vigna Bricco 2008
Cru sur la commune de Serralenga, considérée comme un Grand Cru. Un des Cru les plus à l'est de l'appellation. J'apprendrais plus tard que Bricco signifie généralement le sommet de la butte sur une parcelle, le genre d'endroit où je ne me rappelle pas avoir vu de vignes en France. Elevage 30% en fût neuf pendant 2 ans. plus de puissance, moins pointu. Acidité en finale.

Barolo “Arborina” 2009
Sur la commune de La Morra, considérée comme un Premier Cru. Elevage 30% en fût neuf pendant 2 ans. Plus fruité. bouche tanninque. Fraicheur mentholée.

Ce ne sont pas les vignes d'Altare, mais elles sont à côté de la Cantina et cela fait joli malgré le temps maussade.