Voyage en Italie: premier contact du Barolo avec Mario Bosco
Pour allier les vacances et la passion du vin, une semaine dépaysante de découvertes de vignerons italiens dans la région des Langhe.
Pas forcément la détente avec deux visites par jour. Heureusement beaucoup des vignerons du Piemont parlent français, ainsi mes faiblesses en anglais pénalisent moins la prise de notes.
Michel Grisard, vigneron des pentes alpines de Fréterive et grand curieux de la vigne transalpine, m’a conseillé d’aller voir Mario Bosco pour ses vins de Barolo.
Rencontre avec Mario, un peu débordé et certainement fatigué en cette fin de journée avec la fin des vendanges en vert et tendue par la préparation de la visite de son importateur américain le lendemain. Maman me fait patienter avec ses quelques souvenirs du français appris à l’école en montrant les installations. Mario a commencé comme œnologue conseil dans la région et un peu ailleurs en Italie. Quand son père a été prêt pour laisser le fiston se mêler des affaires de la Cantina familiale (ce sera un sujet récurrent de ma semaine en Barolo: les successions pas seulement des biens mais des pratiques est une source de conflits au point d’en faire un sujet de discussion), Mario a arrêté le consulting en 2002 en se saisissant l’opportunité d’appliquer ce qu’il a vu et fait de mieux chez les autres sur les vignes de la famille (c’est le père Bosco Agustino qui a commencé a vinifié les quelques parcelles du grand-père).
Pour Mario, la querelle entre les anciens et les modernes est en train de s’épuiser. Sur les aspects de vinification, elle était surtout dû au manque d’hygiène en cave. Donc la pratique des longues macérations du nebbiolo dans ces conditions compromettait beaucoup l’expression de la finesse du Barolo. Les anciens ayant fait le ménage dans leur Cantina et notamment nettoyant mieux leurs fûts, le Barolo contemporain est débarrassé de son image de vin à risque. Les anciens maintenant traditionnalistes ont conservé leur longue macération et refusent toujours l’entrée des barriques françaises dans leur chai, mais ont pris conscience de faire un Barolo moins austère.
Mario a donc choisi les macérations longues et réserves ses barriques neuves pour le cépage barbera. Le nebbiolo est en demi-muids de bois autrichien qu’il compte renouveler tous les 15 ans. Il concentre toute son attention sur la date de récolte, en attendant le plus que les tannins (maturité phénolique qui va permettre d’extraire facilement de la couleur) rattrapent les sucres (maturité alcoolique qui va faire grimper les degrés). Cela ne laisse qu’une fenêtre de 7 à 10 jours pour la récolte en fonction des conditions météo. Pour la vinification, il préfère utiliser des levures sélectionnées pour que les fermentations se finissent rapidement quand les degrés montent au-dessus de 13° (ce qui arrivent maintenant systématiquement en attendant la maturité phénolique).
Trois vins à la dégustation.
Langhe Nebbiolo “Rurem” 2011
Sur un sol de tuffeau gris. Vinifié en cuve innox. Impression imposante de fruits au nez. Assez fluide. Sur la gourmandise. Un peu de tanins en finale. Bien fait.
Barolo “Neirane” 2009
Parcelle exposée au Sud-Ouest. Début d’oxydation avec des notes de sous-bois. Bouche sans tannins, presque douce (un peu le touché de vieilles barriques). Plus feuilles mortes. Le verre vide sent le tonneau (ce que je reproche plutôt au bordelais).
Barolo “La Serra” 2009
Parcelle exposé au Sud-Est. Sol plus riche en tuffeau: donne de la tension sur le devant de la bouche d’après Mario (ce qui m’a déjà été dit par les vignerons de Tourraine pour leur Cabernet sur ce type de sol). Nez plus épicé, plus fort. Bien exubérant en bouche, sur des notes de bois fumées. Plus gourmand, plus plaisant dès maintenant. Les 2009 semblent marqués du même symptômes de facilité que leur homologues français.
Pour une entrée en matière dans la Barolo, Mario était certainement le meilleur contact. Son expérience de la vinification en consultant lui a permis de prendre du recul sur les pratiques de la région et de rationnaliser ses choix pour ses vins. Ses deux Barolo sur des terroirs différents sont aussi une bonne illustration, même avec le gommage du millésime 2009, des styles de vins que donnent les sables ou les craies de Barolo.