Première présentation internationale de l’Association des Vins Naturels
L’association des Vins Naturels proposait pour la première fois au quidam de faire déguster 60 vins de 60 de ses vignerons. L’accueil est sympathique à l’image que l’on peut se faire de ces militants qui expriment par le produit qu’ils fabriquent et vendent leur rapport à la nature: les vignerons sont autant devant que derrière les stands, chacun se sert à déguster (pardon, à boire), les nappes sur les tables sont très vite décorées, voire un peu plus, d’auréoles rouges à l’image de leur logo.
La bonne humeur est palpable, entassée dans la petite salle remplie par la pluie qui nous avait chassés à l’intérieur.
J’ai bien mis deux heures avant de comprendre que je ne dégustais pas des vins comme d’habitude. Dans une dégustation classique, quand je tombais sur un vin avec des gouts si différents, je mettais cela sur le coup d’un défaut. Je m’en tirai avec une moue et le vin avec l’absence de critiques et le bénéfice du doute.
Cette fois, c’était –pratiquement- tous les vins qui montraient ce que j’eusses appelées des déviances. Je me suis rendu à l’évidence: mes référentiels habituels de dégustation étaient inappropriés.
Malheureusement, même en se mettant en tête que je dégustais des jus de fruits fermentés plutôt que les vins conventionnels, j’ai trouvé très peu de plaisir à gouter ces vins et plus encore à l’idée d’en boire au cours d’un repas.
Heureusement, j’ai pu me raccrocher à quelques bouées comme le Morgon de Marcel Lapierre, découvert en mars dernier ou les Pineau d’Aunis d’Emile Hérédia que j’avais déjà pu déguster dans son caveau troglodyte.
Lire plutôt les notes ci-dessous comme la mesure du chemin à parcourir pour appréhender correctement ces vins si différents. Je les retranscris dans l’ordre de la dégustation: de déconcertées au début, elles arrivent vite avant la fin au constat que j'étais complétement décalé, comme à essayer de se détendre sur un vol Paris-Buenos Aires en écoutant des nocturnes de Chopin avec les oreillettes fournies par Air France.
Domaine Agnés et René Mosse – Anjou -
Anjou blanc 2009 – Chenin
Nez pêche, mousse (terreux). Attaque sur la pomme (pas blette). Impression d’avoir un cidre en bouche (avec un peu de gaz).
Magic of juju – Vin de Table
Nez déviant, sur la pomme blette, type Savagnin. En bouche mieux, plus vineux, plus minérale.
Domaine Clos du Tue-Boeuf, Thierry Puzelat - Touraine
Le Buisson Pouilleux 2009 – Menu Pineau et Sauvignon de Touraine
Nez discret, sur la pomme citronnée, type grany. Moins de longueur.
Domaine Alexandre Bain – Pouilly Fumé
A “rouge”
Enfin un nez net et sans odeur “déviant” à mon nez. Joli fruit. Belle attaque, tendue. De la matière. Finale discrète.
A “noir”
Nez plus minéral, plus tendu. Un peu de gaz. Bouche bien (un peu crayeuse). Plus de gourmandise à mon goût, grâce à la tension minérale en bouche.
Domaine Etienne et Sébastien Riffault – Sancerre
Akmeniné 2008
Couleur jaune orange. Retour des nez de cidre. En bouche, plat par rapport au précédent.
Skeveldra 2008
Couleur un peu plus clair. Déviance moins prononcée. Un peu mieux.
Domaine Puzelat-Bonhomme, Pierre-Olivier Bonhomme
Thésée – Sauvignon de Touraine
Nez pas agressif mais pas agréable non plus.
Domaine Gilbert et Catherine Vergé – Mâconnais
Macon Villages 2007
Un autre monde du chardonnay. Plutôt mou pour un Macon. Bouche finie sur le pâté. Déconcertant.
Les Hauts de Boulaise 2007 - Viré Clessé
Nez plus discret, moins déviant, plus jus de pomme. Bouche plus nette. Finale mieux.
Vieilles Vignes 2007 – Viré Clessé
Le moins déviant. Intéressant. Plus de longueur.
Domaine Cousin-Leduc, Olivier Cousin
Gamay 2009
Nez déviant, un peu écurie.
Domaine de Montrieux, Emile Hérédia, Coteaux du Vendômois
Le Vin de Poëtes
Nez un peu plus net. Bouche bien. Un peu sec en finale. Joli Pineau.
Le Temps des Cerises, Axel Prüfer, Languedoc
Le Fou du Roi 2009
Vignes de 60 ans sur terrasses de schistes, Cinsault/Grenache/Carignang, macération carbonique. Un peu pétillant. De la matière (grain). Pas sur la gourmandise, plutôt minéral.
Les Vins Contés, Olivier Lemasson, Loir et Cher
Cheville de Fer, VdP Loir et Cher
Côt. Très jus de raisin fermenté. Les tanins du Côt. Plus court.
Domaine du Possible, Loïc Roure, Côtes du Roussillon
Villages - c’est Pas la mer à boire 2009
Sur le fruit. Sans arrière goût. Bien. finale reste terreuse.
Domaine du Matin Calme, Véronique Souloy et Anthony Guix - Roussillon
Sans Temps
Qu’est-ce que j’ai aujourd’hui ? Ne pas même pouvoir déguster ce Carignan centenaire. Ce n’est quand même pas le peu de Grenache qui me rebute à ce point ?
Domaine Scarabée, Isabelle Frère, Roussillon
Volubile
Non vraiment, ça ne va pas aujourd’hui
La Ferme Saint-Martin, Guy et Thomas Jullien, Côtes du Ventoux
La Gérine
Du fruit. Bien. Belle rétro.
Domaine Lous Grezes, Luc Lybaert, Duché D’Uzes
Château Chapeau
Merlot (60), Carignan (40), Tempranillo (20). Etonnant. Pourrait faire penser à de la Négrette. Bien au nez, mais décevant en bouche (sec, plus le fruit).
Colombaia, Italie, Toscane
IGT Rosso Toscana
Sangiovese (80). Intéressant.
Vigna Nuova, IGT Rosso Toscana
Nez intéressant (cacao, framboise). Bien.
Clos Fantine, Carole, Corinne et Olivier Andrieu, Faugères
Faugères 2002
Nez net, fruité (est-ce donc qu’il faut 8 ans aux vins natures pour exprimer leur fruité ?). Belle présence en bouche. Un rien tannique.
Faugères 2008
Nez un peu alcool à bruler. Demande de l’agitation. La finale un peu dérangeante (sur le pâté).
Château Meylet, Michel Favard, Saint Emilion Grand Cru
SEGC 1998
Bizarre. Pas la tournure animale du Merlot bordelais, mais sur la prune vieillie.
SEGC 1999
Couleur plus nette. Se ressent aussi en bouche par un fruit plus net. Finale intéressante.
Les vignes de l’Ange Vin, Jean-Pierre Robinot
Camille Robinot 2005
Vin pétillant. De la gourmandise malgré la sécheresse en finale.