Les Crus Bourgeois montent sur les champs, le Figaro sous le bras
Alors que Terre de Vins invitaient 10 jours auparavant les passionnés de vins à déguster gratuitement une sélection des Saint Émilion Grand Cru Classé 2010, Le Figaro Vin nous demandait de mettre la main à la poche pour venir gouter une sélection des Crus Bourgeois 2010. Pour le prix de deux bouteilles, vous pouviez venir en déguster une 30aine.
L’avantage de payer son entrée est de s’affranchir de la courtoisie de ne présenter que les bons côtés. Et pour un radin comme moi, de plutôt chercher la petite bête pour “en avoir pour son argent”.
Bref, j’ai été déçu. Un peu moins de monde que pour les SEGCC donc moins de bousculade autour des tables, et un peu plus de disponibilités des serveurs pour parler de leur vin, le plus souvent en présence du propriétaire.
J’étais sorti de ma dégustation des SEGCC avec la satisfaction d’avoir changé d’avis sur le merlot: finalement, je trouve des vins très plaisants. Hélas, la dégustation de ces Crus Bourgeois où les Cabernets Sauvignon et Franc n’ont pas laissé toute la place au Merlot m’a presque fait revoir l’intérêt des Cabernets à Bordeaux. Les uns sont quand même deux fois plus chers que les autres: peut-être que je commence à avoir le plaisir snob ?
Sur ces Crus Bourgeois 2010 dégustés, j’avais trop souvent l’impression de retrouver la puissance édulcoré des CabSév chiliens avec la fraicheur trop mentholée pour contrebalancer la chaleur de l’alcool. Quelle déception de voir les bordelais rattraper le nouveau monde dans cette course à la concentration et la puissance.
Quelques bouteilles dans l’ordre de mes dégustations. Je n’ai pas trouvé tant de différences de style entre les château, mes notes n’ont rien de très originales.
Haut-Médoc, Château de Gironville 2010
10% de Petit Verdot. Joli nez fruité, sur le parfum féminin floral. Du café. Attaque verte. Le café revient en milieu et en finale. Tendu. Plutôt bien, mais un peu vert.
Moulis, Château Brilette 2010
Nez plus moka, douceur du sucre. Du nerf en bouche, des tanins mentholés. Joli fruit. Élevage plus digéré.
Médoc, Château Rollan de By 2010
J’ai toujours trouvé l’étiquette vieillotte sur les linéaires des Grands Surfaces, le type même de bouteille que je préfèrerais servir en carafe plutôt que de laisser la bouteille sur la table. Nez floral et sur le café. Bouche fluide, un peu de grain sur la fin. Pas d’exubérance et belle acidité.
Médoc, Château Greysac 2010
Nez piquant, un peu bois (cagette). En bouche, même piquant qu’au nez. Coule bien (tanins fondus). Poivron vert très doux.
Médoc, Château les Grands Chênes 2010
Nez grillé et poivron vert doux. De l’astringence sur les joues. Un peu court.
Médoc, Château Pierre de Montignac 2010
Nez mentholé, un poil fumé. La chaleur du cabernet chilien. Finale bien piquante.
Haut-Médoc, Château Arnauld 2010
Nez discret, sur les fleurs. Fûts et extraction se sentent en bouche. A attendre. Suave, tanins bien enrobés.
Haut-Médoc, Château d’Agassac 2010
Un de mes favoris en FAV. Fût très grillé. Bouche juteuse, tendue. Finale un peu tannique. Pas exubérant mais sur l’équilibre. Bien, conforme à mon souvenir du style.
Listrac-Médoc, Château Baudan 2010
Nez discret. Bouche sur les tannins. Pas très souples. Un peu court. Pas de verdeur.
Listrac-Médoc, Château l’Hermitage 2010
Nez séduisant. Un peu alcooleux (sècheresse en finale). Assez extrait.
Haut-Médoc, Château Saint-Paul 2010
Beau nez floral, avec une touche végétale de poivron. Jolie mâche. Un peu piquant en finale.
Pauillac, Château La Fleur Peyrabon 2010
Nez grillé, sur la douceur. Bouche sur moka. Finale sur le bois. Des tannins sur les gencives. De l’extraction.
Haut-Médoc, Château Paloumey 2010
Nez discret, pas trop grillé. Bouche suave, riche. Finale reste sur le fruit. Manque un peu de tension.
haut-Médoc, Château Victoria 2010
Nez un poil sur le liège. Bouche très menthol/camphre. Tendu et pas trop sec.
Margaux, Château d’Arsac 2010
Bouche très café, croquant. Fraicheur. Finale reste sur le café.
Margaux, La Tour de Mons 2010
Bouche sur équilibre menthol/fruit. De la fraicheur et finale vanillée.
Saint-Estèphe, Château Clauzet 2010
Nez discret. Bouche hyper classique.
Saint-Estèphe, Château Le Crock 2010
Nez vineux. Belle attaque. Tendu, bouche sur le fût (grillé). Finale glissante.
Saint-Estèphe, Château Lilian Ladouys 2010
Nez plus vanille que grillé. Glisse bien en bouche, du fruit croquant. Vif en finale.
Saint-Estèphe, Château Plantier Rose 2010
Assez alcool. Plutôt court, mais généreux en bouche. Tanins bien glissants.
Moulis, Château Gressier Grand Poujeaux 2010
Nez discret, pas trop grillé, un peu vert. Bouche tendue sur la fraicheur du menthol.
Moulis, Château Caroline 2010
Nez très grillé (noisette), puis café. Bouche marquée par le café et le bois. Belle tension, bois fondu. Finale glisse bien. Style moderne sans sècheresse.