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Cercle Oenophile
25 février 2012

Concours Général Agricole des Vins 2012

Après mon bizutage de l’année dernière, je renouvelais ma participation en tant que juré au Concours Général Agricole (CGA pour les initiés) des vins.

Cette année, ayant organisée récemment une dégustation intéressante des vins de cépages autochtones du Sud-Ouest, je m’étais porté volontaire pour la catégorie “vin du sud-ouest” du samedi matin.
Et, pour la seconde cession du dimanche matin, je tentais à nouveau la catégorie “vin de savoie” dans l’espoir de me retrouver à la table des Arbins pour voir si je pouvais reconnaitre à l’aveugle les Mondeuses des frères Trosset.

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Pas de changement par rapport à l’année dernière. Toujours la même médaille pour nous récompenser, que nous pourrions afficher dans notre salon comme les éleveurs de charolais pourraient afficher dans leur étables les médailles remportées par leurs plus beaux taureaux dans le même concours à quelques centaines de mètres d’ici. Plus une babiole: un bouchon pour effervescent, comme si nous avions une tête à ne pas finir les bouteilles que nous ouvrons chez nous. C’est l’intention qui compte. Je me passerais bien de ces objets pour les remplacer par une indemnité de mes frais de déplacement: mon billet de RER coutant certainement plus cher que ces breloques. Ces quelques mots juste pour ne pas oublier de mettre une couche de couleur chafouine que certains trouvent à mes billets.

Annonce des consignes. Je ne me rappelais plus que nous pouvions médailler la moitié des vins dégustés. En fait, l’équilibre des récompenses commun à beaucoup de concours tourne autour du tiers des bouteilles présentées. Il s’agit bien d’un concours et non pas d’un examen. Il doit être sous-entendu aux producteurs qu’ils ont une chance sur trois d’être médaillés en payant les droit d’inscription au concours. Dans la cas du CGA, il y a une pré-sélection des vins en comité local (à vérifier si uniquement par les professionnels indigénes). Le sous-commissaire responsable de notre table nous annonce en fonction du nombre initial de vins présentés et pour chaque catégorie combien nous pouvons médailler de vins, pour retomber d’après ses calculs sur cette proportion d’un tiers. Ensuite, je me rends compte qu’il y a toujours au moins un professionnel de la région parmi les jurés autour de la table qui aura des comptes à rendre auprès de ces collègues de retour chez lui. Toujours ce système des retours d’ascenseurs qui nuisent à l’indépendance des jurés, ou des experts.

Samedi matin, mise en bouche dans le Sud-Ouest avec quatre blanc et six rouge de l’IGT Côtes du Tarn, puis les quatre rouge de l’AOP Marcillac. Je rejoins mes quatre collègues du jury. Un vigneron et une responsable professionnelle du coin, et je viens compléter le trio d’amateurs. Il y a même un ancien acheteur “vin” d’un grand groupe de GSM. Je pense que c’est un atout dans ce type du jury pour des vins d’IGP dont c’est le principal débouché.
Sur les trois catégories soumises à notre jugement, les vins à médailler sont sortis quasiment à l’unanimité. C’est gratifiant de constater que j’ai les même critères que les professionnels.
Pour les blancs, nous décernons royalement deux médailles d’or. Nous mettons de côté un vin boisé, trop marqué pour rester dans la simplicité fruité de cette IGT. De toute façon, sa douceur vanillée est suffisamment séductrice pour qu’il se passe d’une médaille.
Pour les rouges, pas beaucoup de souvenirs. Si ce n’est un échantillon mis de côté même sur la seconde bouteille en réserve: un vigneron qui a dû s’amuser à mettre moins de soufre que les autres et dont le vin est reparti en fermentation dans la bouteille (après la pré-sélection ?!). Et ce n’était pas une méthode gaillacoise !
Pour les Marcillac, je retrouvais avec un plaisir tout personnel le fer servadou. Deux cuvées sortaient du lot.

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Dimanche matin, je remettais le couvert, comme on va au bureau. Pour ma part, même si je n’y déguste pas des vins de Savoie, je vais au bureau avec plaisir, même un lundi au retour d’un WE dans les Alpes.
[attention, zone de Name Droping] Dans le grand hall où sont parqués le millier de dégustateurs, en chemin pour la table marquée sur mon badge, je reconnais un visage sans pouvoir mettre un nom dessus. Une fois assis, le nom d’Hubert Chauvenet me revient, du domaine Chauvenet-Chopin, cette fois sans sa béquille comme lors de mon passage au domaine en octobre dernier. Il semble s’être bien remis de son accident en cuverie lors des dernières vendanges. Comme au bureau, je vous dit: notre table sera présidée par Julien Barlet de la Cave du Prieuré où je suis déjà allée à Jongieux un mois d’août 2003 brulant et ce même Julien qui m’a servi plusieurs fois les vins du domaine lors des salons des Vignerons Indépendants. Et à la table d’à côté Guillaume Guénard, que j’avais rencontré pour la première fois en octobre dernier au domaine familial à Torméry. Et à mes côtés, Jean-François Quénard, un nouveau Quénard de la Tour de Chignin, que je ne connaissais pas encore, voisin de vignerons du Villard que j’avais déjà rencontrés, entre Pascal et Annick Quénard, et le père Raymond Quénard que j’avais pu voir avant qu’il transmette le flambeau à Pascal. [fin du Name Droping]
Au total, ce sera 22 vins à déguster ce matin. Que des blancs sur la table. Mince, les mondeuses d’Arbin ne passeront pas encore cette année sous mes fourches caudines. Avec des effervescents au menu (alors qu’à l’inscription j’avais demandé à ne pas gouter de vins à bulles !). A nouveau le jury est équilibré par deux professionnels mentionnés au-dessus, vraiment de la profession puisqu’ils font du vin.
On ouvre le bal avec des Crus de Savoie sans mention de village. De la Jacquère donc. Pas transcendant mais nous sortons trois médailles, sans trop de discussions. Puis encore des Crus mais d’Abyme cette fois. La différence de qualité ou de terroir est nette. Nous mettons consciencieusement nos cinq médailles en favorisant ce que nous définissons comme la typicité plus minérale des Abymes, la différence étant flagrante par rapport aux vins précédents.
Nous finissons avec plusieurs catégories de vins effervescents, hétéroclites et avec peu d’échantillons. Pas facile. Ce n’est pas tout à fait de la pioche parce-que nous arrivons là encore à nous mettre d’accord sur le style de vin qui mérite une médaille dans ces appellations. Heureusement ma fréquentation des savoyards me permet d’avoir pu déguster en apéritif un certain nombre de leurs mousseux et de comprendre ce dont ils étaient fiers en me les servant.
Par contre, petite déconvenue. En trainant entre les tables après la fin du concours pour essayer sans succès de retrouver des mondeuses d’Arbin à déguster sur les tables voisines, je tombe sur notre président de jury et le commissaire des vins de Savoie en flagrant délit de falsification du “procès verbal” d’attribution des médailles de notre jury que nous avions signé: le commissaire a monté d’un cran la couleur des deux médailles d’une des catégories d’effervescents, estimant que nous n’avions pas été assez gentils en ne décernant pas d’or dans cette catégorie. Ce n’est pas grand chose, mais modifier la décision du jury sans le prévenir c’est ouvrir la porte à d’autres soupçons de falsification dans ce concours.
Autant annoncer clairement, comme au concours des vins de Macon que c’est un autre jury plus pointu qui attribue la place sur le podium aux vins médaillés.

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