Entre Lyon et Valence, quelques Syrah
Aller voir les vignerons en dessous de Lyon reste compliqué pour moi. Plus de 5 heures de route, des vignerons peu disponibles (3 des 6 vignerons que j’ai contacté ne pouvaient pas me recevoir, une première dans ces proportions comparée aux autres régions viticoles où je me déplace), peu ou pas de vin à vendre, des vins chers, en monocépage parfois sur des sélections parcellaires donc difficile à acheter à l’aveugle.
De plus Gildas et moi partageons des expériences chez des vignerons différents de cette région où nous avons été reçus plus que légèrement considérant notre intérêt pour le vin et pour les vignerons.
Autant dire que le soleil et les températures exceptionnellement douce de ce mois de mars étaient les bienvenus pour me donner du baume au cœur cette après-midi là, surtout après une matinée de concours qui avait mise en exergue l’amateurisme dont peut faire preuve certains professionnels dans le milieu du vin.
Domaine Fayolle fils et fille.
Premier arrêt à Gervans, pour ma première visite chez les frère et sœur Fayolle. Après avoir laisser mon GPS m’orienter entre Tain et Crozes-Hermitage entre les parcelles de Syrah d’Hermitage et les parcelles d’abricots Bergeron en fleur, je me retrouvais chez les Fayolle à Gervans. Accueilli par la mère de Céline et Laurent, et par le chien qui aboie plus fort que la sonnette ne sonne: pratique pour annoncer le visiteur mais moins facile de se sentir le bienvenu. |
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Les cuvées d’entrée de gamme “Sens” sont épuisées en 2010 et le 2011 pas encore en bouteille.
Crozes-Hermitage Les Pontaix blanc 2010
Pure Marsanne sur un sol argilo. 40% passe en fût. Nez de bière (pas à mon gout). Bouche douce.
Hermitage Les Donnières blanc 2010
Marsanne très majoritaire, élevée en fût. Plus de couleur. Nez très sur le fût. De l’alcool.
Crozes-Hermitage Les Pontaix 2010
Nez bien fruité (cerise, cassis). Tannique, de garde.
Crozes-Hermitage Clos les Cornirets 2010
Vieilles vignes. Belle tension acide. Plus sur le grillé/moka.
Hermitage Les Donnières 2010
Grosse concentration, tout en étant moins tannique. Bien.
Direction Valence et passage sur l’autre rive du Rhône pour se garer au pied de l’église de Cornas où je retrouve Guillaume Gilles qui me conduit dans son caveau à quelques mètres de là. Caveau qu’il loue à Robert Michel pour y élever ses vins.
Ce n’est que la deuxième fois que je rencontre Guillaume Gilles. Après une découverte fortuite du personnage et de ses vins à un salon des Vignerons Indépendants: c’était le seul vigneron de Cornas présent à ce salon et je voulais faire tous les vignerons de Cornas pour préparer une séance de dégustation du club oeno. Le personnage est très discret, sans être timide. Avec son Cornas, j’avais enfin trouvé une Syrah nordique qui me parlait.
Guillaume Gilles m’a donné l’impression de chercher encore à comprendre comment faire le vin qui lui plait sans dénaturer l’expression des terroirs qu’il exploite. Ainsi la parcelle qu’il exploite sur Cornas (Les Chaillots) se divise en trois grands secteurs: le bas de la combe près du ruisseau de Cornas, qui donne maintenant une cuvée à part, les Grands Murs et les Terrasses. Les deux dernières sont assemblées pour donner le Cornas du domaine.
Voir l’article de Vin-Terre-Net pour une description plus complète.
Côtes du Rhône Les Peyrouses 2011
La parcelle des Peyrouses, encerclée par les habitations entre la voie ferrée et le Rhône.Les vignes du grand-père. Très vieilles sur un sol sableux. Gouté au fût. Nez fumé, pas lourd. Sur le fruit, bien.
Cornas, La Combe de Chaillots 2011
Le chemin des églantiers à Cornas avec au fond au milieu et à l’ombre la Combes de Chaillot où Guillaume Gilles exploite sa principale parcelle.
Vendange partiellement éraflée. Gouté sur le fût. Fruité, les tanins sont doux.
Cornas, dégustation d’un fût Les Grands Murs 2011
Vendange entière (non éraflée). Nez cacao, réglisse. La chaleur du sud. Puissant.
Cornas, dégustation d’un fût Les Terrasses 2011
Nez plus de finesse, plus cerise à l’eau de vie. Je ne serais pas habitué aux changements de terroirs bourguignons, j’aurais été surpris de la différence entre ces deux expressions d’une même parcelle. La bouche est droite, un peu décalée, moins tannique.
Devant la différence entre Les Grands Murs et Les Terrasses, l’assemblage des deux se justifie.
Côtes du Rhône Les Peyrouses 2010
Gouté en bouteille. Nez réglisse, bouche un peu tannique.
Cornas La combe de Chaillot 2010
Joli, bien enveloppé. De fruit plutôt frais.
Cornas 2009
Puissant. Gros tannin en finale. Déjà un peu de gourmandise.
Ces dégustations ont confirmé tout le bien que je pensais des vins de Guillaume Gilles. Cela va être passionnant de voir l’évolution de ce jeune vigneron et de ses vins.
Dernière visite de la journée dans le village voisin et limitrophe de Saint-Péray. Ayant 20 minutes d’avance, j’essaie sans succès d’avancer le rendez-vous pour gagner un peu de temps sur les 5h qui m’attendent pour rentrer sur Paris.
Entre les absences de vignerons, les accueils polis et les aboiements de chien, je ne garderai pas un souvenir impérissable de mon passe dans les côtes du Rhône nordique. De là à penser que ce sont des villages où les vignerons vendent bien leurs vins et préfèrent réserver leur énergie à l’accueil des clients pour la saison touristique estivale…
Heureusement Guillaume Gilles a pris le temps de me faire découvrir ses vins, sans rechigner à ouvrir des bouteilles pour que je me fasse une idée plus large de son travail. Cela sauve un peu la journée et mon opinion des vignerons de la région.
Domaine du Tunnel
Les cuvées hauts de gamme sont épuisées à la vente.
Saint Joseph 2010
Fruité, bien, fluide
Cornas 2010
Toujours le même fruité. Tanins domptés. Plutôt poivre, épice. De la douceur.
Les deux vins permettent de se faire une idée du style du domaine. Sur le fruit, facile sans être fluet. La gourmandise avant tout.