Le Cercle en ballade entre Saumur et Chinon avec Maigremont
Les copains normands des bouteilles de Maigremont avaient fait pour le pont du 8 mai leurs provisions de litres de crème et de kilos de beurre (littéralement) pour s’exiler pendant 4 jours en terres ligériennes. Une défaillance de dernière minute et l’immédiateté de son annonce sur le mur de FB m’ont permis d’intégrer l’équipée in extremis après une rapide réorganisation de mon agenda.
Jusqu’au dernière heure, Gildas avait été particulièrement tenace pour m’enjoindre de les rejoindre au plus vite, notamment pour ne pas rater la visite du domaine du Collier pour laquelle il s’était donnée beaucoup de mal à organiser. Je l’en remercie pour cela et aussi la troupe de Maigremont pour cette occasion de passer quelques jours en leur compagnie pour partager la rencontre de nouveaux vignerons et des bouteilles sorties pour l’occasion.
Le thème de la sortie de l’année était les vins de Chinon et Saumur. Lili, Lulu, Stéf, Dav’, Séb, Sergio et Gildas étaient de la partie avec un guest star du cru, Jull le vendredi et Laurent le samedi. J’ai raté la première visite chez Bernard Baudry, mais j’étais déjà passé les voir il y a deux ans.
Je rejoignais la troupe après un peu moins de 3h de route sous un tilleul du jardin d’Antoine Foucault du domaine du Collier à Chacé. Les Maigremont remontaient de la cave où ils avaient gouté les 2012 sur fût. Après les avoir rattrapés en goutant les blanc en bouteilles, nous enchainions sur les rouges et sur quelques bouteilles “d’ailleurs”. Comme cela s’est reproduit plusieurs fois en deux jours, il semble qu’au-delà de 2h de dégustation, les vignerons du coin profitent d’avoir un public de passionnés pour sortir de leur réserve des bouteilles glanées par eux au fils des échanges entre copains ou collègues.
Ici, pas de vins à vendre aux particuliers. La dégustation n’a donc pas d’autres enjeux que de découvrir les vins et le bonhomme.
Les vins goutés
Domaine du Collier, Saumur blanc 2011
Nez sur la pomme. Joli (pas sur le cidre). Sur la tension, belle tenue en finale.
Domaine du Collier, Saumur blanc 2010
Plus rond. Finale plus mentholée, agrumes. Un peu de sucre résiduel ?
Domaine du Collier, “La Charpentrie”, Saumur blanc 2009
Un peu pomme et noix. Un soupçon sec en bouche.
Interlude: Vin de Pays des Côtes Catalanes, Domaine Gauby, Coume Gineste 2012
Domaine du Collier, “La Ripaille” Saumur 2011
Mise en bouteille de la semaine dernière. Très fruits rouges croquant. A l’agitation des accents de Cabernet Chilien ! (surmaturité des raisins ?), mais pas de poivron. Plutôt les épices, avec un passage un peu métallique en milieu de bouche. Finale piquante, sans accroche des tanins.
Domaine du Collier, “La Ripaille” Saumur 2009
Plus rond (une impression de sucrosité). Nez de fruits plus mûrs. Ample et pas lourd. Un peu plus de tanins (sur le devant).
Domaine du Collier, “La Charpentrie” Saumur 2009
Très Cabernet ligérien malgré le millésime chaud (un peu vert: de la sève). Plus tendu. Le grain est fin et les tanins en place: de la longueur sans sècheresse. Très beau dès aujourd’hui.
Domaine du Collier, “La Ripaille” Saumur 2007
Un millésime pas facile. Décrié à sa sortie. Des vins qui font ce qu’ils peuvent mais tant qu’ils se révèlent aux clients et aux vignerons moins pires que ce que l’on attendait d’eux, les vignerons sont les premiers à les encourager comme leur petit dernier qui n’est pas doué pour le sport mais qui se fait plaisir à jouer en équipe. Ici, oui cela manque un peu de fond, mais le vin est net et honnête. Beaucoup d’acidité, mais il peut attendre encore un peu avant de s’effondrer.
Un peu de route pour finir l’après-midi en compagnie du jeune beau-frère d’Antoine, Sylvain Dittière du domaine de la Porte Saint Jean à Montreuil-Bellay. Première vinification sur son domaine en 2010, Sylvain nous a impressionné par la maturité de son approche (Gildas est amoureux). Nous dégustons les 2013 dans la cave sur les fûts. Un peu de blanc (dont un Sauvignon en haut d’une parcelle de Chenin récemment reprise pour un crémant en 2012 et certainement pour des secs en 2013). Sur les rouges, vins de goutte et vins de presse sont élevés séparément pour ne décider de la composition de l’assemblage final qu’au dernier moment quand il s’agit de finir l’élevage en cuve.
Puis retour sur la terrasse à attendre que le soleil se couche en dégustant les cuvées en bouteille, de sa production ou de la production des copains.
Saumur-Champigny, La Porte Saint Jean 2010
Vignes sur le bas de la parcelle. La mise en bouteille est du 23 décembre 2013. Rien noté de plus.
Saumur-Champigny, La Porte Saint Jean 2011
Rien noté.
Saumur-Champigny, La Porte Saint Jean “Les Beaugrands” 2012
Vignes sur le haut de la parcelle. La mise en bouteilles date de la semaine dernière. Des tanins. Reste juteux, un peu sec en finale.
Saumur-Champigny, La Porte Saint Jean “Les Beaugrands” 2010
Joli. Encore un peu sur la réduction.
Saumur blanc, “la Perlée” 2012
Pas de fermentation malolactique et 0,7g de sucres résiduels: des touches de pommes. Sylvain aime les blancs très secs et cela se voit. (il a un peu souffert en travaillant en Alsace avec leur blancs récoltés avec des forts degrés potentiels).
Le lendemain, retour dans le Chinonais pour retrouver Nicolas Grosbois au Pressoir de Lanzoult. Nicolas n’est plus un inconnu ni une découverte pour moi, grâce à Bettane et Desseauve qui me l’ont fait découvrir au dernier étage de l’immeuble parisien de l’Express puis que j’ai pu revoir derrière les tables de dégustation du marché de la Paulée des Vins de Loire de Chartres. Mais je ne connaissais pas encore le domaine: visite des parcelles jouxtant les bâtiments après que les ébourgeonneurs bulgares aient été laissés à leur tache. Nous allons déguster les 2013 en fût, puis les 2012 en fin d’élevage dans leur assemblage en cuve et enfin retour en salle pour les bouteilles.
Gildas, il est pas sur la photo, mais il en parle ici.
Ici encore, pas/plus de vins à la vente. Nicolas prend le temps de nous faire passer en revue les différences entre les fûts sur le 2013: bien que groupé autour des bâtiments le parcellaire est morcelé en anciens clos ou parcelles qui restent autant séparés que possible en fonction du nombre de fûts.
Chinon, Domaine Grosbois, Gabare 2013
Plusieurs fûts goutés et tentative d’assemblage à l’éprouvette. La Gabare est l’embarcation à fond plat de la Loire.
Chinon, Domaine Grosbois, Gabare 2012
Gouté sur cuve.
Chinon, Domaine Grosbois, Gabare 2011
Essai de macération longue (au contraire le l’évolution récente vers des macérations courtes pour rechercher la gourmandise immédiate après la mise). Plus variétale que le 2012 (artichaut, verdeur). Tanins souples mais bien présents.
Chinon, Domaine Grosbois, Vieilles Vignes 2009
Parcelles de Vieilles Vignes qui rentrent maintenant dans Gabare. Nez très violette, mûr. Structure sur acidité, beaucoup de matière. Fumé (ressemble à une Syrah du nord). Déconcerte et divise le groupe.
Chinon, Domaine Grosbois, Vieilles Vignes 2008
Bouche sur le fruit un peu cuit. Un peu sec en finale.
Chinon, Domaine Grosbois, Vieilles Vignes 2007
Rien noté.
Chinon, Domaine Grosbois, “Bœuf alais” 2008
Ancien parcellaire en plaine, sur une butte non inondée par les crus de la Loire, là où les bœufs allaient.
Touraine Azay le rideau, Château de la Cour, “Au Berruyer” 2012
Premier millésime d’un Chenin repris sur le domaine monté sur un autre site historique de la famille en Touraine.
Après un déjeuner expédié au Gite, nous retournons sur Chinon pour notre rendez-vous avec Etienne de Bonnaventure du Château de Coulaine. Laurent nous rejoint en voisin. Entre les giboulées, nous trouvons refuge dans la salle de dégustation au décor suranné d’une dépendance du château. Un charme certain, souligné par la discrétion d’Etienne. L’homme parait un grand timide, presque effacé comme les roses en train de faner délicatement sur la table, comparé aux Antoine, Sylvain et Nicolas hauts en couleur.
Un moment de dégustation décalé. J’essaie sans trop y parvenir de mettre le personnage à l’aise, au détriment des notes de dégustation, mais Gildas est là concentré.
Touraine blanc, Bonnaventure, Les Pieds Roties 2011
Chinon blanc, Château de Coulaine, 2011
Chinon, Château de Coulaine, 2012
Chinon, Bonnaventure, 2011
Vieilles Vignes sur le haut du plateau, terroir de Millarge (calcaire sableux, sables coquilleux), élevage 14 mois en foudre. Variétale et tendu. Beau grain.
Chinon, Château de Coulaine, “Clos de Turpenay” 2011
Référence aux anciennes parcelles possédées par l’abbaye de Turpenay, ici dans un clos. Terroir en pleine pente, calcaire. Plus fin. Tanins très devant. Plus long, presque soyeux. Belle acidité en finale. Mon préféré.
Chinon, Château de Coulaine, “Les Picasses” 2011
Gros grain. Grosse matière. Tanins très sur les joues. Un style qui a l’air de plaire.
Bonnaventure, “Franc de Pied” 2009
rien noté. Plutôt simple de mémoire.
Chinon, Château de Coulaine, “La Diablesse” 2010
Coteaux Nord des Picasses, versant sur la Loire. “Acidité mûre” (l’expression est du coin). pas très ample, sec: le fruit est carré. Tanins pas encore intégrés. Finale sur le menthol.