Les Pétavins reviennent à Paris
Cette année, je ne suis vraiment pas allé aussi souvent dans les Alpes que je l’aurais souhaité. Je n’allais pas manquer en plus l’occasion de rencontrer les vignerons savoyards qui montent à Paris pour faire le promotion de leurs produits.
Rendez-vous à l’étage des Noces de Jeannette, dans une salle feutrée. On est loin de la cohue de saloon de la récente bobodégustation de vins naturels. Même réservée aux professionnelles de la filière, il vaut mieux être dans de bonnes dispositions pour faire une dégustation qui fait la comparaison entre vins monocépages de la même région de raisins bio.
Bravo aux organisateurs.
Béatrice et Louis Magnin, à Arbin
Je commence naturellement par les vins de Béatrice et Louis Magnin. Naturellement parce-que ce sont les vignerons savoyards que je connais depuis le plus longtemps et parce-que comme l’année dernière ils sont juste en face de l’entrée.
Je m’étais bien gardé de relire mes notes de dégustation prises lors de mon dernier passage chez eux. Retrouver le plaisir de la découverte.
Roussette 2010
cépage Altesse. Nez très doux, miel (mille fleurs). En bouche, bien, sur le même douceur sans aucune pointe d’acidité. Un peu d’amertume mais là encore très douce.
Chignin Bergeron, Verticale 2009
cépage Roussanne. Cette fois, je pense que les efforts pédagogiques de Béatrice ont payé et j’ai fini par mémoriser: Chignin Bergeron issu d’une parcelle qu’ils ont reprise et qu’ils conduise en biodynamie. Nez moins ouvert, plus citronné. Une pointe anisée de fenouil. Plus d’amertume, soulignée par le gras plus prononcé aussi.
Chignin Bergeron, Grand Orgue 2008
cépage Roussanne. Nez plus doux, fruité. En bouche, un peu de cire et une légère amertume. Peut déjà s’envisager sur les plats crémeux. Mais ce serait dommage de ne pas en garder quelques bouteilles à laisser vieillir: je ne me lasse pas de déguster cette cuvée au fil des ans tant elle peut changer.
Chignin Bergeron 2007
Cépage Roussanne. Nez tendu, profil nettement différent. En bouche, moins de largeur. Resserré sur le fruit.
Chignin Bergeron, Verticale 2007
Nez floral. En bouche, sur l’équilibre du fruit et de la cire. Beau touché en finale.
Gamay 2008
Joli fruit au nez, encore très frais. En bouche, plutôt la fraise. Un peu d’alcool en finale.
Mondeuse 2010
Retour auprès des Magnin après avoir dégusté les blancs chez les voisins. nez ouvert, sur le fruit. En bouche, encore des tannins mais le fruit est là. Astringence policée.
Mondeuse Le Rouge 2008
Joli nez encore discret, légèrement épicé. Belle fluidité en bouche. Bien à boire. Un peu tannique en finale, normal pour une mondeuse.
Mondeuse Tout Un Monde 2008
Ancienne cuvée Vieilles Vignes. Au nez, très mondeuse. Un peu de tannins. En bouche de la matière, encore à attendre.
Mondeuse La Brova 2009 2008
Nez sur le fût (grillé, vanille). En bouche, de la classe, même quand le gout du fût passe. Plus souple (arrondi par l’élevage), avant un peu de sècheresse en finale. Reste sur un joli fruit.
Baobab 2008. Chignin Bergeron. Avec sucres résiduels, bien que première parcelle récolté cette année là. Donc pas une vendange tardive de Roussanne comme certains vignerons en Savoie. Arômes évolués (cire), capiteux. L’amertume allège le sucre.
Frédéric et David Giachino, à Chapareillan
D’Arbin, il suffit de franchir les Marches pour arriver chez les Giachino. Ici, quelques pas de côté suffisent. Par contre, il faut éviter les raccourcis entre la Roussanne et la Jacquère majoritaire au pied du Granier. Les frères Giochino ont résolument tourné leurs cuvées vers la lecture des terroirs par la Jacquère. Ici, il n’y avait plus à la dégustation que les quelques cuvées encore disponibles à la vente.
Jacquère, Monfarino 2010
Nez ouvert, très fruit. En bouche, moins complexe, plus sur l’acidité d’un pamplemousse bien mûr mangé avec son mésocarpe (un peu de biologie végétale, normal pour des amateurs de Pétavins).
Jacquère, Primitivo 2010
Sur un sous-sol de galet de rivière et non pas d’éboulis du Granier. Nez plus gras. Le décalage entre la bouche et le nez est impressionnant jusqu’au bizarre. Sur un autre style, toujours aussi tendu mais sans la même amertume.
Giach ! Bulles
Vin naturellement pétillant. Naturellement pour démarrer la fête sans se faire mal à la tête ni au ventre.
Dominique Lucas, Les Vignes du Paradis à Ballaison
J’avais manqué de peu en mai dernier une dégustation des vins d’Allobrogie de Dominique Lucas chez un caviste de St Julien en Genevois. Je rencontrais pour la première fois ces vins de Chasselas. Et l’ouverture sur la découverte de nouveaux Chardonnay et Pinot bourguignon autour de Pommard lors de ma prochaine visite.
VDP d’Allobrogie, Un matin face au lac 2010
Cépage Chasselas, élevé en amphore. Du gras en bouche, de la complexité, pas d’amertume perceptible. Tout est en place, mais cela reste très délicat.
Gilles et Christine Berlioz à Chignin
Jaja 2010, Jacquère sur Chignin. Bel équilibre entre l’acidité d’un citron et la douceur du miel.
Chez Odette 2010. Assemblage de terroirs de Jacquère. Arômes un peu de fermentation (pomme blette). Terni un peu la fraicheur de ce vin.
Les Filles 2010. Chignin Bergeron. Nez discret, un peu cire. Plus de corps et de générosité en bouche.
Les Fripons 2010. Chignon Bergeron. Même grande parcelle que Les Filles mais sur une partie un peu plus pentue. Nez plus fruité, plus séduisant. En bouche, un peu plus d’intensité et d’amertume. Classique.
El Hem 2010. Roussette, cépage Altesse. Nez marqué, manque de franchise, plutôt sur champignon/artichaut. Bouche décalée sur l’acidité, mais reste la même impression qu’au nez.
Adrien Berlioz, Domaine du Cellier des Cray à Chignin. Cousin de Gilles, vend très peu en direct aux particuliers. Une parcelle = une cuvée.
Zulime 2010. Roussette, cépage Altesse. Nez un peu fermentation (reste dans le verre de la roussette précédente ?). En bouche, bien sur le fruit. Equilibre évident.
Raipoumpon 2010. Chignin Bergeron. Bouche discrète. Pas sur la construction acide ni l’amertume. Manque un peu de colonne vertébrale.
Méthode traditionnelle. Jacquère pétillante. Nez ouvert, sur le fruit. Bouche aussi sur les champignons.
Marie-Clotilde 2010. Mondeuse. Bien sur le fruit. Belle acidité.
Octavie 2010. cépage Persan. Nez reconnaissable du Persan. Attaque bien, sur le fruit. Mais évolue rapidement sur une sensation métallique (canette d’aluminium). Dérangeant.
Jacques Maillet, Autrement, à Serrières en Chautagne
Retour –relatif- au nord, en Chautagne. Jacques Maillet vend maintenant très bien son vin et n’a plus grand chose à faire gouter encore la vente. Ne pas avoir de problème de débouché lui permet de continuer dans cette autre voie qu’il s’est fixée.
Autrement 2007. Assemblage de Gamay, Pinot et Mondeuse. Nez complexe, un peu évolué (réglisse). En bouche, plutôt court. Intéressant plutôt pour la finale.
Gamay 2010. Nez un peu acétone. En bouche, plus de fruit. Mais persiste sur l’animal.
Pinot 2010. Nez intéressant, pas franchement pinot de bourgogne. Beau fruité en bouche. Finit bien, tient la note fruitée. Atypique pour pinot mais intéressante.
Mondeuse 2010. Nez plutôt biodynamie (écurie). Le fruit vient en bouche. Tanins disciplinés en finale. Intéressant pour la vinosité.
Michel Grisard, Domaine Prieuré St Christophe à Fréterive
J’ai pu passer plusieurs heures en compagnie de Michel Grissard à déguster les Mondeuse 2009 au fût. Pourtant, Michel Grissard déploie toujours la même énergie discrète à faire la promotion de la Mondeuse. Le prix de ses cuvées refroidissant l’enthousiasme de l’acheteur de vins en supermarché, ne boudons pas notre plaisir à déguster les verticales qu’il ne manque pas de proposer lors de ses dégustations.
Mondeuse Tradition 2007. Nez encore fruité. Léger en bouche, mais belle souplesse.
Mondeuse Tradition 2009. Nez moins ouvert, pas trop de chaleur (pour un 2009). Bouche impressionnante de souplesse. Belle complexité en finale. Déjà assemblée, tout ce que l’on attend d’une mondeuse avec quelques années.
Mondeuse Prestige 2009. Nez sur le fût. Bouche impressionnante. Un peu le pépin de raisin bien mûr. Vraiment bien.
Mondeuse Tradition 2006. Nez évolué. Bouche un peu décalée. Un peu de sècheresse. Intérêt de la laisser vieillir ?
Mondeuse Tradition 2005. Nez encore plus évolué. Aussi en bouche. Un peu sec en finale. Passée à mon gout.
Mondeuse Tradition 2004. Nez fruité plus frais mais évolué quand même. En bouche, un peu d’astringence. Mais l’acidité ranime le fruit. Intéressant, parait plus jeune que le 2005.
Mondeuse Prestige 2004. Nez moins ouvert, moins sur le fruit. En bouche, un peu moins de fruit aussi. Le fût reste en finale. A boire mais moins gourmand que Tradition.
Mondeuse 1981. Les fameuses demi-bouteilles que Michel Grisard ressort de derrière les fagots (presque au sens littéral). Cette trentenaire date ainsi du temps où les trois frères vinifiaient ensemble. Et il y a 30 ans, les Mondeuses étaient faites sans le soucis de les faire durer. La bouteille avait été sciemment ouvert la vieille. Nez évidemment évolué. En bouche encore quelques arômes.