Terre de Vins ramène des petites douceurs aux parisiens
A l’occasion de la sortie d’un Hors-Série sur les vins doux naturels du Languedoc-Roussillon la revue Terre de Vin invitait les premiers inscrits dans une salle du restaurant parisien le Procope pour déguster sa sélection des meilleurs VDN mis en avant dans la revue.
J’avais été enthousiasmé par leur précédente dégustation des meilleurs Sancerre qui m’avait converti à ses Sauvignons.
Les vins avec du sucre (ce que les œnologues appellent sucres résiduels) ne m’ont pas encore converti à leurs charmes. Il n’y a guère que le Petit Manseng du Jurançon par ses aiguilles acidulées à me faire plisser les yeux qui me font voyager.
J’allais donc à cette dégustation avec la ferme intention de changer d’avis en goutant des bouteilles représentatives des VDN.
Je suis malheureusement arrivé à 45minutes de la fin et certaines bouteilles étaient irrémédiablement vides avant que je ne les atteignent. Peu de vignerons présents aussi (il faut dire qu’il faisait certainement un peu trop froid pour faire monter à Paname des sudistes), plutôt des représentants n’ayant pas forcément les informations sur les vins qu’ils servaient. J’ai quand même pu échanger quelques mots avec Bernard Saperas.
Pour faire court, je n’ai pas trouvé de stéréotypes: autant de différences entre les cuvées d’une même appellation qu’entre appellations (Maury, Banyuls et Rivesaltes). L’élevage sous bois parfois très long (plus de 20 ans pour certains vins goutés) m’ont fait retrouver des gammes aromatiques rencontrés sur les alcools forts (type whiskey). Sur des vins aussi longuement élevés, la part du jus de raisin et du bois dans le gout s’emmêlent et se confondent pour l’amateur. Peu importe si le produit flatte les sens.
Donc des vins qui partent dans tous les sens. Assez faciles d’en trouver qui correspondent plus à ses gouts.
Je n’ai pas pris de notes pour favoriser la découverte au détriment de l’analyse.
Voici néanmoins les bouteilles qui m’ont marquées ce soir-là.
La bouteille la plus impressionnante de loin à mon gout est ce Maury hors d’âge “Le Vin Doux Rêveur” du Préceptorie de Centernach.
C’est simple: le soyeux en bouche fait oublier les années passées en foudre de ce vin, la fraicheur encore plus flagrante en deuxième partie de bouche donne l’impression de ne plus finir et fait de ce vin le plus aérien de ceux goutés.
Dans un registre complètement différent, ce Muscat de Rivesaltes “L’Äge de Pierre 1998” du domaine Fontanel illustre tout le bien qu’il faut penser d’un vieux muscat. La fraicheur repose ici sur une impression de sève de pin, type bonbon des Vosges, totalement inattendu pour moi sur un muscat. Ce serait après discussion la marque de vieillissement des Muscat. Une belle surprise.
Ensuite, les bouteilles plus classiques (sur un registre attendu d’un VDN) mais réjouissante que je servirais pour en partager le plaisir à mes amis:
Le Banyuls Rancio “Al Tragou 1986” du domaine Vial Magnières. Bernard Saperas m’explique en le mimant qu’Al Tragou est l’expression locale pour boire le vin au filet de la gourde. Evidemment tout le contraire de ce qui est recommandé pour apprécier ce vin souligne Bernard. L’élevage de 22 ans en bois laisse des arômes doux de boites à cigares. C’est très long, et on s’image facilement près d’une cheminée à regarder tomber la neige un verre à la main.
Le Rivesalte Ambré “Nectar du Prieuré 1955” du domaine Mounié est intéressant pour son âge et son vieillissement loin du bois. Les fruits secs sont bien là avec une pointe d’alcool à bruler qui trahit l’oxydation à mon gout. Ce que j’aime bien est le côté agrume qu’il laisse en bouche.
Le Rivesalte Ambré “Grande Réserve 1969” de la Cave Dom Brial est l’archétype du VDN. “Not my cup of tea” parce-que trop proche d’une eau de vie mais bien dans ses bottes, il remplit la bouche sans mollesse.