Le Printemps des Châteauneuf du Pape – 4ème édition et première visite

7 avril 2013

Le Printemps des Châteauneuf du Pape – 4ème édition et première visite

Voilà quatre ans que les vignerons de Châteauneuf du Pape attendent les premiers bourgeons en se regroupant le premier WE d’avril pour accueillir leurs clients et amateurs dans une salle commune.

Voilà quatre ans que je voulais aller à ce salon. Et depuis que les Printemps de Chateauneuf du Pape sont mes copains sur FB et ma découverte un peu plus large de la diversité des vins de l’appellation, ce salon grimpait dans la liste de mes priorités.

Cette année, je trouvais enfin le temps de me libérer pour faire les 12h de route A/R et profiter de l’opportunité de déguster la gamme présentée par les 85 vignerons présents au salon.

L’évolution de mes gouts alimente ma passion pour la dégustation des vins. Ainsi le grenache reste d’une approche compliquée pour moi: une structure tannique légère qui fait souvent trop ressortir l’alcool à mon gout et surtout une tendance à l’oxydation qui apporte des notes faisandées ou de sous-bois que j’ai beaucoup de mal à apprécier. Quand je vois sur l’étiquette un vin de grenache de plus de 5 ans, ou dans le verre des teintes virant à l’orangé, j’ai encore des a priori négatifs que ce que je vais trouver.
Comme mes expériences de dégustations à l’aveugle ne cessent de confirmer mes faibles talents de dégustateur et que même les demi-finalistes du concours du meilleur sommelier du monde peuvent confondre du grenache avec du pinot noir, je suis toujours partant pour travailler mes points faibles et surtout revenir sur mes a priori.

Ce dimanche matin, après avoir fait une mise en jambe sur les hauteurs du village exposées à la fraicheur vivifiante du vent rhodanien, j’allais m’enfermer pendant 5h avec le grenache. Au final, je ne ressort pas aussi intact de 5h de pinot noir que de 5h de grenache. La puissance des Châteauneuf du Pape a plus vite émoussée mes papilles que la dentelle des Pinot bourguignons des Nuits au Grand Jour par exemple.

Les domaines sur les stands desquels je suis passé, dans l’ordre entre l’aléatoire et l’affluence. J’ai délibérément fait le choix de ne pas aller rencontrer les quelques vignerons que je vois sur les salons parisiens pour privilégier les nouveautés ou les raretés.

Château Gigognan

Châteauneuf du Pape “Clos du Roi” blanc 2009
Dans ce millésime, plus de clairette que d’habitude. Une partie du grenache blanc a été mis de côté pour ne pas plomber la fraicheur du vin récolté très mûr cette année-là. Comme les autres vins du domaine, les vins sont élevés sous bois puis conservés en bouteille avant leur mise en vente. Pour le premier blanc, cela se confirmera par la suite, il ne joue pas sur l’exubérance du fruité. Ce qu’il perd en largeur, il le gagne en longueur. La douceur est plutôt florale.

Châteauneuf du Pape “Cardinalice” 2006
100% grenache. Robe avec un début d’oxydation. Nez viandé. Bouche simple à mon gout peu réactif en absence de fruits frais.

Châteauneuf du Pape “Clos du Roi” 2006
65% grenache, 35% Syrah. Plus d’épices (poivre). Bouche encore tendue. Un style. Pas caricatural.

Châteauneuf du Pape “Cardinalice” 2009
Nez moins parlant. Bouche large. Un peu de fraicheur mentholée mais sans l’originalité du style de précédent. Finale sans sècheresse de l’alcool.

La Bastide Saint Dominique

Châteauneuf du Pape blanc 2012
Exubérance du fruit an nez. Bouche sur amertume (mise en bouteille toute récente), un peu maigre (manque de grain par comparaison au Gigognan). Finale fluide.

Domaine Saint Préfert

Je passe de bonne heure sur ce stand pour réserver le blanc 2011 que j’avais repéré en dégustation parisienne à l’automne.

Châteauneuf du Pape blanc 2012
Nez en retrait, plutôt floral qui fruité. Bouche plus grasse que l’annonçait le nez. Belle complexité, pas de sècheresse. Belle finale plus large que le nez.

Châteauneuf du Pape blanc 2011
Nez anis, pointu. Pas d’exubérance. Bouche nerveuse, presque acidulée. Plus tendu, la finale plus discrète mais plus longue.

Côte du Rhône “Beatus Ille"” 2012
Grenache 80%, Cinsault 20%. Difficile de résister aux propositions d’Isabel Ferrando de déguster son nouveau Côte du Rhône, aussi fier d’avoir obtenu une parcelle enviée limitrophe de Châteauneuf du Pape que cette entrée de gamme.

Châteauneuf du Pape 2011
Bouche sur le fumé. Séduisant, belle entrée de gamme. Un peu trop grenache à mon gout.

Châteauneuf du Pape 2010
Plus d’épices, et plus de fraicheur. Du grain. Sympa.

Châteauneuf du Pape “Auguste Favier” 2011
Le même style “moderne” mais avec plus de matière.

Domaine de Nalys

Châteauneuf du Pape blanc 2011
Nez bien, équilibré. Bouche serrée, finale étroite mais reste séduisant par la complexité du nez.

Châteauneuf du Pape “Eicelence” blanc 2010
Du gras. Les notes de la Roussanne. Finale moins sèche.

Domaine de Nerthe

Châteauneuf du Pape blanc 2011
Un peu de perlant à l’attaque. De la fraicheur. Bel équilibre, plutôt sur les agrumes.

Châteauneuf du Pape “Clos des Beauvenir” blanc 2007
Clairette et Roussanne élevées en barrique. Le bois pas encore digéré. Des traces d’oxydations cependant. Plutôt plasaint et finale bien.

Domaine les trois Celliers

Châteauneuf du Pape “Insolente” blanc 2011
Roussanne et barrique. Pas tout le gras de la Roussanne. Pas caricatural. Un peu sec en finale.

Domaine de la Charbonnière

Châteauneuf du Pape blanc 2011
Un peu de barrique neuve. Nez pastis ! Bouche simple (arrondie par la barrique). Peu de persistance.

Châteauneuf du Pape 2009
Grenache, Syrah, Mourvèdre. Le fruit en avant. Pas trop d’astringence. Assez court.

Châteauneuf du Pape “Mourre des Perdrix” 2010
Grenache, Syrah, Mourvèdre sur sable. Plus d’épice du Mourvèdre. Plus tendu en bouche. Du piquant (fraicheur) en finale.

Domaine La Font du Loup

Châteauneuf du Pape blanc 2012
Nez typé roussanne, sans excès.De la gourmandise en bouche, presque du réglisse. Pas de sècheresse. Souple.

Châteauneuf du Pape “tradition” 2011
Terroir de sable. Nez sur le fruit. Rond et large, gourmand. De l’alcool (finale un peu sèche). Bien.

Châteauneuf du Pape “Puy Rolland” 2011
Vieilles Vignes de Grenache. Bouche aussi sur la souplesse. Encore du fruit et de la fraicheur. Bien.

Domaine de la Mordorée

Je passe voir aussi Anne pour échanger des conseils sur les stands à ne pas rater. Je lui dois de m’aiguiller vers le domaine de Marcoux.

Lirac “La Reine des Bois” blanc 2012
Nez classique de cette cuvée, déjà gourmand. Intérêt dans la finale qui s’élargit. Gomme tout intérêt d’aller chercher des blancs deux fois plus chers à Châteauneuf du Pape.

Lirac “La Reine des Bois” 2011
Sur l’acidité. Assez bien après la dégustation des Châteauneuf du Pape mais pâti quand même d’un corps moins concentré.

Châteauneuf du Pape “La Reine des Bois” 2011
Sur l’équilibre. Moins d’extraction que chez d’autres. Et dire que je trouvais leur Châteauneuf du Pape massif quand j’ai découvert l’appellation il y plus de dix ans avec leur cuvée il y a plus de 10 ans. Maintenant leur Châteauneuf du Pape deviendrait presque une référence d’équilibre.

Domaine de la Janasse – Aimé Sabon

Un domaine dont j’ai constitué une verticale de Vieilles Vignes et Chaupin quand le site caveprivée était sérieux. Quand je passe sur le stand, c’est la cohue. Impossible de glaner des renseignements sur les cuvées.

Châteauneuf du Pape “tradition” 2011
Nez fruits (très rouge), croquant. Puissant en bouche. Du grain.

Châteauneuf du Pape “Chaupin” 2011
Nez plus tendu, moins chaleur du fruit. Plus séduisant à mon gout. Quoique la bouche soit retenue et serrée. Toujours ce très joli grain. Finale glisse mieux. Beau contrôle de l’alcool. Bien.

Châteauneuf du Pape “Vieilles Vignes” 2011
Nez encore plus discret. Puissance avec une belle tension. Jolis picotements en bouche apportent la fraicheur. Très longue finale.

Château Fortia

Châteauneuf du Pape “tradition” 2009
80% Grenache. Style fruits rouge (cerise). Léger. Un peu nature (écurie).

Châteauneuf du Pape “Baron” 2010
50% Grenache, 40% Syrah, 10% Mourvèdre. Plus d’alcool en bouche. Fruits plus noirs. Un peu de zan.

Châteauneuf du Pape “Réserve” 2009
80% Syrah, 20% Mourvèdre. Nez un peu animal. Bouche plus typée Syrah.

Domaine de Marcoux

Sur les conseils d’Anne de la Mordorée, je passe voir les sœurs Sophie et Catherine Armenier. Aimablement, elles renforcent mon étonnement de ne pas voir leurs tarifs afficher en disant qu’elles ne vendent pas aux particuliers, même pas quelques bouteilles sur ce salon. Au moins cela épargne d’acheter une bouteille de mon coup de cœur sur ce salon pour le prix d’un carton de 12 Côte du Rhône.

Châteauneuf du Pape blanc 2012
Nez en retrait. Bouche sur amertume (mise en bouteille du jeudi précédent). Peu exubérant et sapide. Bien.

Châteauneuf du Pape 2011
Bien équilibré, même si ce révèle plutôt en seconde partie de bouche. Le Grenache viandé mais aussi un toasté séduisant.

Châteauneuf du Pape “Vieilles Vignes” 2011
Nez impressionnant de subtilité (dentelle du pinot). Même registre que le précédent mais avec une entrée en matière plus franche. Un style certain et très plaisant. Très prometteur dans sa jeunesse. Mon coup de cœur sur ce salon.

Domaine Raymond Usseglio

Châteauneuf du Pape “tradition” blanc 2012
Bouche encore perlant après une mise en bouteille récente. De la gourmandise mais un peu trop techno (arôme de bonbons). Léger.

Châteauneuf du Pape “Pure Roussanne” blanc 2012
Sur l’élevage sous bois. Pas trop sur la caricature mielleuse du miel.

Châteauneuf du Pape “tradition” 2011
Un peu alcooleux (cerise à l’eau de vie). Du grain, avec des épices en finale.

Châteauneuf du Pape “tradition” 2010
Plus liquide. Fruits compotés. Large et puissant. Finale mentholée.

Châteauneuf du Pape “Imperiale” 2011
Vieille vigne de Grenache (90%). Profil souple. Des tanins. Manque de concentration pour des vieilles vignes.

Châteauneuf du Pape “Imperiale” 2010
Profil grenache. De la concentration. La mâche est plus discrète que le tradition.

Châteauneuf du Pape “La part des Anges” 2011
Mourvèdre (70%), Grenache (20%) et Syrah. Nez très sur le grillé du fût. Bouche idem. Avec la puissance de la garrigue du Mourvèdre. Belle structure sans sècheresse.

Domaine Pierre Usseglio

Châteauneuf du Pape blanc 2012
Typé sur le fruit. Une légère évolution, pas à mon gout.

Châteauneuf du Pape “tradition” 2009
Bouche fumé. Un style.

Châteauneuf du Pape “tradition” 2010
Plus puissant, fruité. De la mâche. Un peu alcool.

Châteauneuf du Pape “cuvée des Aïeuls” 2009
Vieilles vignes de Grenache. De la matière. Le Grenache sur son bon registre à mon gout. Tanins souples en finale. Bien.

Châteauneuf du Pape “cuvée des 2 frères” 2009
Sélection de barrique. Style grenache mais sur un début de penchant animal/viande au nez. Bouche plus complète. Fruit concentré, compotés, un peu sucré. Bien. Demande à se fondre. Très moderne et démonstratif, pas représentatif du style du domaine.

Domaine Bosquet des Papes

Châteauneuf du Pape “tradition” 2011
Nez fumé. Un style. Un peu sec en finale.

Châteauneuf du Pape “Gloire du Grand-Père” 2009
Bouche sèche. Un peu de bois et de verdeur (rafle ?).

Châteauneuf du Pape “Chante le Merle” 2006
Non éraflé. Sur le même style, plus liquide (souple). Pas de sècheresse. AU bon âge, tout début d’évolution.

Domaine de Saint-Paul et Du Grand Tinel

La fatigue commence à se faire sentir. La bouche asséchée par l’alcool, je n’ai plus beaucoup de salive. A la recherche d’un peu de fraicheur je me tourne vers des Châteauneuf du Pape dont j’espère que le tarif plus abordable révèlera un peu moins de concentration. Isabelle Jeune me présente donc les deux domaines de la famille, exprimant pour le bouquet final les deux types de terroir de l’appellation.

Châteauneuf du Pape Grant Tinel blanc 2011
Attaque perlante. Bien fruité, équilibré. De la fraicheur bienvenue.

Châteauneuf du Pape Grand Tinel 2010
Grenache (80%), Syrah, Mourvèdre. Un peu rapeux. bien sur le fruit croquant. Souple.

Châteauneuf du Pape Saint Paul 2010
Grenache (65%), Syrah, Cinsault. Plus de matière. Fruits plus frais. Finale moins râpeuse.

Châteauneuf du Pape Saint Paul “Jumille” 2010
Grenache (60%), Syrah. Nez moins ouvert, mais même registre. Belle longueur, se révèle sur le fruit en finale.

Châteauneuf du Pape Grand Tinel “Alexis Establet” 2010
Vieilles vignes de Grenache. Joli nez sur les fruits rouges. Un peu de tannins. Fruité plus discret en finale. Pas de sècheresse. Finale agréable sur les épices.