Les Climats de la Côte Chalonnaise à Paris
Dix producteurs de la Côte Chalonnaise se sont associés pour faire la promotion de la spécificité des vins de leur région auprès des professionnels et prescripteurs focalisés sur les renomées Côtes de Nuits et de Beaune.
Ce lundi là ils s’étaient regroupés dans les salons parisiens de la Questure du Sénat pour leur présenter leur cuvées. Comme les grandes stars, les vins entrent en scène à la dernière minute pour être débarqués du coffre du break Devillard avec l’arrivée des premiers dégustateurs.
Je connais déjà beaucoup de vignerons présents pour les avoir croisés sur les salons amateurs ou rencontrés au domaine. FaceBook aide aussi beaucoup à garder le contact.
L’intérêt de cette présentation des vins de la Côte Chalonnaise est la priorité donnée à l’identité des appellations et à leur atout qualitatif par rapport à la simple promotion des vins de ces domaines. Pour moi qui suis arrivé à la Bourgogne par cette Côte il y a quinze ans, c’est juste un témoignage de fidélité de mon amour du Chardonnay et du Pinot (et de l'Alligoté...).
Les vins dégustés, dans l’ordre du livret
Montagny – Domaine Stéphane Aladame
Montagny Premier Cru “Découverte” 2013
Assemblage des jeunes vignes du domaine. Une entrée de gamme déjà en premier cru: la première marche nous fait entrer de plein pied dans les meilleures pentes du cirque de Montagny. Le nez est de suite flatteur? L’absence de fût donne une tension où la verdeur fruitée ressort. En bouche, c’est lisse et rond pour le plaisir instantané.
Montagny Premier Cru “Les Vignes Derrière” 2014
Nez citronné. Bouche plus de gras. De la longueur mais encore marqué par le fût pour ce nouveau-né.
Montagny Premier Cru “Les Vignes Derrière” 2013
Nez plus discret malgré l’année supplémentaire. Souple en bouche avec un peu de bois en finale.
Montagny Premier Cru “Les Maroques” 2014
Nez plus floral et exprime plus de matière. En bouche, plus de tension (acidité citronnée). Un peu d’amertume en finale apporte de la complexité.
Montagny Premier Cru “Les Coères” 2014
Terroir avec plus d’argile, exposition Nord-Nord-Est. Nez avec un chouia de verdeur (cf "découverte"). La bouche est large, avec une acidité un peu acidulée (plus gourmande que les agrumes). Un peu d’amertume en finale (moins que Maroques).
Givry – Domaine du Cellier aux Moines
Découverte de ce domaine avec Philippe Pascal.
Givry “Clos Pascal” 2013
Parcelle en monopole. De la verdeur au nez. La finale grillée et mentholée montre un bel élevage.
Givry Premier Cru “Clos du Cellier aux Moines” 2013
Bien que le Clos donne son nom au domaine, ce n’est pas un monopole. Nez très pinot: grosse gourmandise pour les amateurs. Bouche claquante ne fait pas mentir le nez.
Givry Premier Cru “Clos du Cellier aux Moines” 2014
Echantillon pris sur cuve avant mise. Nez moins jovial. Bouche encore sur la sècheresse de l’astringence.
Mercurey – Devillard, Domaine du Château de Chamirey
Mercurey Premier Cru “La Mission” blanc 2012
Nez poire et fût. Bouche un peu plus amande. Finale généreuse et grasse. Vin ambitieux.
Mercurey 2013
Vin simple et gouleyant. Ticket d’entrée sympa.
Mercurey Premier Cru “Les Ruelles” 2012
Monopole. Nez sur un poil d’évolution. Bouche même profil sur le gouleyant. Un peu de douceur/sucrosité en finale (mais c’est un peu la marque du domaine même sur les Côtes de Nuits à mes sens).
Mercurey Premier Cru “Les Cinq” 2011
Exercice de style: assemblage des meilleures barriques des cinq premier cru du domaine. Nez de parfums, sur les épices. Bel élevage, bien fondu.
Mercurey – Faiveley, domaine de la Framboisière
Je n’avais pas encore rencontré Julien Bordet, le faiseur de vin de Faiveley sur Mercurey.
Mercurey “La Framboisière” 2013
Nez très fruits rouges (toujours l’influence du nom). Pointe de douceur donne beaucoup de fluidité.
Mercurey Premier Cru “Clos des Myglands” 2013
Un peu sec. Manque d’onctuosité après la Framboisière.
Mercurey Premier Cru “Clos du Roy” 2013
Avec ce vin, démarre une mauvaise séquence dans mes dégustations de la journée sur les rouges: je commence à trouver un gout végétal de liège. D’habitude c’est plutôt l’effet d’un méchant gout de bouchon qui s’incruste dans le verre. Ici comme je suis le seul à le sentir, plutôt une défaillance de mon appareil sensoriel.
Mercurey Premier Cru “Clos du Roy” 2007
Nez sur l’évolution, le sous-bois. Sec en bouche. Finale un peu liège (cf supra)
Givry – Devillard, Domaine de la Ferté
Même si j’ai l’habitude de déguster les vins du domaine avec Robert Vernizeau, c’est toujours intéressant de les voir présenter par Aurore Devillard sous les hauts-plafonds d'un grand salon parisien.
Givry 2014
Fruit très croquant, flatteur
Givry 2013
Plus piquant en bouche. L’acidité apporte plus de fraicheur que la rondeur du 2013
Givry Premier Cru “La Servoisine” 2014
Nez moins flatteur que Givry 2014. Un peu de liège (cf supra). Bouche sur une finale fraiche.
Givry Premier Cru “La Servoisine” 2013
Même profil que Givry 2013. Un peu de sècheresse en finale, sans que cela soit gênant.
Givry Premier Cru “La Servoisine” 2010
Nez sanguin (orange sanguine). Un peu acétique puis fumée/lardé. Evolution intéressante. Bouche un peu sèche sur la finale.
Rully – Domaine de la Folie
Domaine situé sur la commune de Chagny avec ses chais au centre de ses parcelles. Une zone de Rully que je ne connais pas. Première dégustation avec Clémence Dubrulle.
Rully “Clos de la Folie” blanc 2014
Elevage en cuve. Fruité. Village bien représentatif de Rully.
Rully Premier Cru “Clos du Chaigne” blanc 2014
Du gras. Équilibre sur l’acidité. Pas encore bien assemblé en bouche mais jolies notes. Assez court mais finale sympa sans accroches.
Rully Premier Cru “Cols Saint Jacques” blanc 2014
Vieilles vignes de 80 ans. Nez un chouia muscaté, très floral. Belle bouche, belle complexité. Un peu mou (pas d’amertume). Toujours touche muscatée en bouche.
Rully “cuvée Marey” 2014
Partie Est du Clos de Bellecroix. Vinification particulière (chapeau maintenu immergé plutôt que remontage). Nez retenu. Plus de matière. Pas de sècheresse en finale.
Rully – Domaine Paul et Marie Jacqueson
Paul est un des deux vignerons que j’avais rencontré à Rully lors de ma première visite au village au début du millénaire. Depuis je n’avais pas regouté ses vins ni vécu l’arrivée de sa fille sur le domaine. Première rencontre avec Marie.
Bouzeron 2014
Vinification en fût. Doux, pas trop citronné.
Rully Premier Cru “La Pucelle” blanc 2014
Vignes de 1992, Elevage 20% fût neuf. Sur la tension. Beau profil, un peu mentholée.
Rully Premier Cru “Grésigny” blanc 2014
Vignes de 1950. Toujours de la vivacité, mais plus sur la verdeur. Finale bien, un peu molle.
Rully Premier Cru “La Pucelle” blanc 2010
Pas encore de notes d’évolution au nez. Un peu de noix quand même. Finale un peu mentholée ne masque pas complétement des notes d’oxydation.
Givry – Domaine Ragot
Première rencontre avec Nicolas Ragot. La remise en culture de la parcelle “En Teppe des Chenèves” est une bonne illustration des solutions de vignerons à l’étroit dans leur village.
Givry “Teppe des Chenèves” 2013
Nez sanguin. Bouche bien, glissante, gourmande. Notes terriennes que j’aime bien retrouver chez certains Joblot.
Givry “Vieilles Vignes” 2013
Vignes de plus de 50 ans sur plusieurs parcelles. Un peu fumé. Une amertume en finale. Bien.
Givry Premier Cru “Clos Jus” 2013
Un peu de verdeur apporte de la fraicheur. Puis terrien (notes fumées). Typé, un peu sec en finale.
Givry Premier Cru “La Grande Berge” 2013
Nez plus retenu. Très framboise en bouche, tourne autour de fruits rouges séduisants. Générosité du fût.
Bouzeron – Domaine Aubert et Pamela de Villaine
Première rencontre avec Pierre de Benoist.
Bouzeron 2014
Nez iodé, salé. Bouche sur l’acidité différent du nez. Finale bizarre. Une identité certaine.
Bourgogne Côte Chalonnaise Les Clous Aimé 2014
Assemblage de 7 parcelles de chardonnay sur Bouzeron. Nez très différent. Joli, beau corps.
Bourgogne Côte Chalonnaise La Fortune 2014
Je ne savais pas qu'il y avait du Pinot à Bouzeron. Croquant, matière vive.
Bourgogne Côte Chalonnaise La Digoine 2014
Monopole. Même vivacité. Tanins sur le devant font persister l’astringence.
Bouzeron 2010
Nez bizarre. Gourmand, pas d’oxydation. Très joli corps. Finale sapide, salivante. Comme quoi le terroir (en y incluant la patte du vigneron à le comprendre) est primordial dans la qualité d'un vin et permet de dépasser la réputation de certains cépages dévalorisés par des usages deloyaux.